Rif Raf (BE)
Soyons honntête, l’intérêt des productions 12k est plutôt genre tout ou rien. Tantôt, nous avons droit aux plus belles heures du genre ambient (les formidables Filaments & Voids de Kenneth Kirschner ou August de Giuseppe Ielasi) et/ou folktronica (le touchant In Light Small Color), parfois, on souque ferme à se décrocher les mâchoires — et ce n’est pas drôle (Let’s Make Better Mistakes de Thomas Bednarczyk). Patron de la maison new-yorkaise depuis sa création en 1997, Taylor Deupree ne se pousse — heureusement — pas du col dans la discographie de sa maisonnóée, laissant allègrement ses artistes lui voler la vedette (Lawrence English ou Machinefabriek — pour ne citer qu’eux). En veilleuse depuis trois ans et la sortie du très acclamé Northern, la production du boss renaît de ses cendres en 2010 quelque part sur des bancs de sable (Shoals dans l’idiome natal de son auteur). D’un point de vue strictement sonore, le disque ne surprendra nullement les habitués du catalogue 12k — pour autant qu’ils en restent à une pemière écoute inattentive. Déclinant lentement des atmosphères tactiles et précieuses subtilement retouchées par la technologie numérique, l’œuvre se démarque heureusement du tout venant par l’usage, certes parcimonieux mais judicieux, de gamelans — l’instrument qu’on associe par excellence aux îles de Java et de Bali. Nul foisonnement tropical cependant à l’horizon, tant la vision pacifiée de Deupree s’inscrit dans un démenti formel à toute tentative de tsunami sonique. Toutefois, l’usage que l’artiste américain fait des instruments est tout sauf habituel. Davantage intéressé (dans le cadre d’une résidence à l’université de York) par les sonorrtés produites à la surface des gamelans, il les joue en tapotant ou en utilisant un archet, les micros saisissent même à l’occasion les déplacements de notre homme aux quatre coins du studio. Une aventure en soi.