Pop News (FR)
Il faut souvent peu de choses. Une jolie pochette graphique (deux gouttes d’eau entremêlées par les lois de la géométrie). Une pièce introductive qui joue sur la corde de la reconnaissance et de l’étrangeté (un mélange aérien bleeps-cuivres-piano comme les affectionne Ryan Francesconi). Et le charme opère, doucement, insidieux, indélébile. Drape, premier disque de la Japonaise Sanae Yamasaki, réussit l’exploit d’éclipser en délicatesse et en rigueur les dernières productions de ses compatriotes, Noaka Sasaki (aka Piana) ou Tujiko Nuriko, par une electro prétendument minimale, qui masque peu – en réalité – ses structures complexes. Avec une gamme étendue de sons et de tonalités, des percussions mélodiques, des instruments-jouets et des logiciels high-tech, elle crée des micro-structures répétitives sur lesquelles elle articule, en bonne joueuse de mécano, toutes sortes d’embranchements colorés et souples. Un peu comme si la musicienne avait ouvert en grand la boîte à outils des musiques électroniques, elle commence par déposer côte à côte les multiples instruments pour mieux les frotter les uns aux autres, ajuster leur combinaison, créer de petits effets qui, conjugués, balayent tout le spectre des nuances. Il y a là quelque chose d’enfantin et de ludique, à l’image de cette voix murmurée que Sanae pose ça et là en éclaireuse (luciole tout de même fragile) pour égrener une sorte de conte. Difficile de ne pas se laisser prendre par chacun des détails, de ne pas tomber dans une douce rêverie, interrrompue sur le tard par un mini-tube electronica (“Wham & Whammy” ) et une pièce plus abstraite (“Watashi No Neml Tabi” ). Difficile de ne pas y revenir. – David Larre