Octopus (FR)
Linéaire dans sa splendeur désolée, l’objet – intime et précieux dans son indescriptible mystère – déroulait sa cataracte fébrile en un long drone épars. Guère ému par les passants trop pressés de la grande métropole, son apesanteur hors de toute vindicte énervée démantibulait un orchestre de chambre entre souvenirs de jazz (la contrebasse de “01” – aucun des cinq morceaux ne porte de nom), pop agenouillée (oh, juste quelques notes d’orgue Hammond) et ambient nordique. Dans son périple aérien, il remontait le cours d’une ecchymose, sentant le souffle obsédant d’Eyes Like Saucers (“02”), dévoré de cette lumière pâle dont se nourrissaient les douloureuses fins d’été d’avant l’explosion nucléaire. Traversant une nappe de brume, entrouverte sur un monde en refus d’achalandage dont émergeaient quelques notes de trompette (le magnifique Heimo Wallner à l’|uvre sur “03”), en survol horizontal de son époque (Stars of the Lid, Machinefabriek), la chose croisait un cercle d’adeptes de la méditation mélancolique, délicatement soutenue d’une electronica en discrète lévitation (elle n’est toutefois – et c’est heureux – jamais planante), sur laquelle venait se réincarner la grâce introspective d’une tristesse assumée entre deux méridiens liquéfiés. – Fabrice Vanoverberg