Octopus (FR)
Petite sur d’atmosphère de sa compatriote Piana, la multi-instrumentiste japonaise Sanae Yamasaki – le vrai nom qui se cache derrière Moskitoo – souffle du haut de son nuage vaporeux des mélodies effilées qui, si elles ne sont pas complètement mémorables, vous feront faire une bien belle traversée des rivages sortis tout droit de l’excellent film de Kim ki-duk Spring, Summer, Fall, Winter… and Spring. Pour son premier album, Yamasaki décline une impressionnante palette de camaïeux printaniers, d’une splendide beauté évanescente (à l’image de la pochette, de la main de la demoiselle) et les harmonies développent un cadre impressionniste d’une très grande subtilité, que l’écoute au casque ne fait que révéler à son grand avantage. Toutefois, et c’est bien le (seul) point de controverse, les mélodies vocales en catimini de l’artiste de Sapporo se glissent dans un embaumement parfois trop minimaliste (mais ce n’est pas le cas des douces caresses “Skie” et “Tip Toe Blues”, ce dernier aux surprenantes réminiscences de l’indispensable Phantom Orchard de Zeena Parkins et Ikue Mori). Par ailleurs, la recherche de la musicalité, jamais prise en défaut de facilités péremptoires, semble être une seconde nature chez Moskitoo, tant l’équilibre de ses harmonies instrumentales atteint un étonnant point de stabilité entre ciel et terre, entre nuages et azur. Et quitte à virer parfois dans la préciosité, la musicienne nipponne triture de ses doigts que l’on devine graciles des épisodes ambient (impossible de ne pas songer à Harold Budd) en marge d’une électro pop toute en nuances des lignées de sa compatriote Tujiko Noriko. – Fabrice Vanoverberg