Liability (FR)
Nous sommes en retard. Une fois de plus. Alors qu’on avait pu apprécier l’orfèvrerie imprimé par Shizuku, on s’était laissé allé à écouter la multitude de sorties dont l’industrie du disque abreuve le monde. C’était oublier un peu vite qu’Illuha n’était pas un projet éphémère et qu’il était appelé à se réunir à nouveau. C’est ce qu’il a fait et ce à plusieurs reprises. Interstices est donc le successeur de Shizuku et le duo (Corey Fuller + Tomoyoshi Date) sortira encore deux autres albums : Akari en 2014 et Perpetual en 2015 en collaboration avec Ryuichi Sakamoto et Taylor Deupree qui n’est décidément jamais très loin quand il s’agit des productions de son label 12k. Pour autant, Interstices apparaît comme un intermède entre Shizuku et Akari. En effet, paru dans la The 12k Limited Series, section du label qui est dédiée aux lives et rééditions, Interstices est le recueil de trois longues pièces enregistrées en public. Mais, dans le fonds, cela ne change pas grand chose. Interstices est bien l’incarnation ou une suite logique de Shizuku, mettant en évidence une musique contemplative où le field recording est un élément autant moteur que réparateur. Field Recordings, électronique, guitares et instruments divers s’entrechoquent délicatement pour donner une musique qui se situe hors du temps et où des spectres sonores à la froide vibrance vont et viennent à une vitesse fantomatique. Il n’y a sans doute rien de bien neuf sous le pâle soleil de Illuha mais, une fois de plus, la précision du duo fait merveille et on pénètre dans leurs eaux froides sans aucune appréhension. La beauté, qu’elle soit abstraite ou non, reste la beauté et Illuha l’incarne à sa manière, faisant fi du temps mais pas de l’espace. Ce dernier point est d’ailleurs très important pour Illuha qui se déplace d’endroit en endroit, explorant différents environnement, passant de l’un à l’autre comme si on changeait de pièce mais sans imprimer de rupture pour autant. C’est tout l’art d’Illuha et celui-ci s’apprécie avec délectation.