Ethereal (FR)
Sur un schéma maintenant bien établi, Taylor Deupree nous livre tous les trois ou quatre ans un album solo et occupe le reste du temps avec des disques partagés, participation à des compilations et diverses collaborations. Pour ce Shoals, le New-Yorkais est parti de gamelans balinais et javanais trouvés à l’Université d’York où il était invité. Mais plutôt que de se limiter à la résonance de ces sortes de gongs, il a choisi de les utiliser comme points de départ, travaillant aussi sur leurs frottements ou leur adjoignant des sons micro-électroniques.
Il en résulte quatre longs morceaux (entre neuf et douze minutes) où tintent par endroits ces instruments métalliques mais qui font une nouvelle fois la part belle à ces composantes traditionnellement croisées sur les disques de l’États-unien : bribes mélodiques, petits larsens, sonorités lumineuses, souffles plus ou moins oppressants. Cette alliance porte très rapidement ses fruits puisque les qualités et limites de chacune de ces deux inspirations s’équilibrent idéalement : profondeur et tapis sonore côté percussions, balbutiements et caractère plus acéré côté électronique (Rusted Oak, A Fading Found).
On obtient par conséquent un disque beaucoup moins cérébral que ce à quoi on pouvait s’attendre lorsqu’on apprit son mode de conception. Il est même possible de se laisser bercer par l’enchevêtrement particulièrement réussi de Falls Touching Grasses, nouvelle preuve qu’électronique et organique mêlés peuvent produire un ensemble touchant et éloquent. 7/8
François Bousquet