dMute (FR)
On se sent minuscule lorsque l’on écoute la musique de Pjusk. Quelque soit l’endroit dans lequel on s’imagine transporté, il s’étend à perte de vue. Cela pourrait bien être le cosmos, tant l’apesanteur est perceptible. Mais cela pourrait tout aussi bien être la steppe d’Asie ou les plaines enneigées du Grand Nord ; les lointains cris de corbeau veulent nous en persuader. A vrai dire, le duo norvégien a tranché : c’est leur contrée qu’ils évoquent. Sval est le deuxième album en commun de Jostein Dahl Gjelsvik et Rune Andre Sagevik, deux personnages aux backgrounds inégaux puisque les premiers travaux de Gjelsvik remontent à une quinzaine d’années déjà, ceux de Sagevik sont beaucoup plus récents.
Cette collaboration naît en 2007, lorsqu’ils décident de s’enfermer dans une vieille cabane perchée en haut d’un sommet pour composer. On comprend donc l’importance que revêt l’environnement pour leur musique. Leur influence principale se trouve dans le paysage sauvage qui les entoure, les montagnes enneigées, le ruissellement des cours d’eau, et les caprices du temps. Quelques enregistrements ponctuent Sval, mais rien qui permette de le ranger dans le field recording. Les intéressés décrivent leur musique comme un electronica ambient expérimental et minimaliste. C’est plutôt juste. Quand une discrète cadence émerge de ces douze pièces, elle suggère plus le battement d’un coeur qu’une véritable rythmique. Comme si, au milieu des étendues battues par les vents, Pjusk nous invitait à écouter notre corps. Car ce n’est pas une posture contemplative qu’adoptent les deux artistes, mais méditative : le moi intérieur face à l’immensément grand.