Autres Directions (FR)
Que ce soit en solitaire sous le cryptonyme Trico!, ou en compagnie de Yusuke Onishi avec qui elle forme le duo Small Color, Rie Yoshihara évolue depuis quelques années dans les douces sphères d’une pop nippone minimaliste, où innocence et instruments jouets ont toujours prévalu sur le reste. Mais là où le passé inaperçu Outflow, précédent album du tandem Small Colour, pêchait par trop de candeur facile, In Light marque une évolution substantielle, faisant preuve d’une qualité d’écriture soignée et délicate. De part ses inclinations pop, In light aurait légitimement pu figurer sur le catalogue Happy, aux côtés de Gutevolk et Piana, mais l’extinction de cette structure en aura décidé autrement. Et quoiqu’il en soit, l’art manipulatoire de Yusuke Onishi, tout comme les incrustations de fields recordings et cette propension à diverger vers des expérimentations électro-acoustiques viennent légaliser la présence de ce disque chez 12k.
Wurlitzer, guitare et toy piano offrent une belle entrée en matière et en lumière (In Light) sur fond de textures crépitantes ; et amènent tranquillement sur une comptine féérique soutenue par une timide rythmique crunchy, où guitare acoustique pastorale et accordéon expansif conversent, tandis que des onomatopées font office de chant, que les tripotages numériques façonnent un tissu aquatique et scintillant (Daisy et son cousin éloigné Lemmy). Lorsque Rie chante en japonais, accompagnée de guitare folk et de synthés bidouillés par un joailler (Hikari No Hana), ou de matière cristalline et de papillons rythmiques (Life), elle fait directement concurrence aux suscitées Piana et Gutevolk, mais aussi à Cokiyu et Cuushe.
En son sein, l’album renferme des plages plus songeuses et mélancoliques, une légère tristesse vient s’emparer de cette panoplie instrumentale à la fois miniature et variée (banjo, glockenspiel, accordéon, toy piano, mélodica), et l’on voit là comme un modèle réduit du Epitaph de Kasumaza Hashimoto. Et ce, que ce soit à travers les nappes flutées et vacillantes de “Arrows Of Time”, les samples environnementaux qui habitent Hideaway, les voix partiellement fragmentées de “Nowhere Near,” celles dédoublées et angéliques de “Heaven Knows,” ou ce joli “Amaoto” qui prend des allures de générique de fin de film.
Bref, voilà un album made in Japan mignon tout plein, bien moins ingénu et plus sophistiqué qu’il n’y paraît.