Goute Mes Disques (FR)
En avril dernier, deux hommes sont partis aux larges des côtes australiennes, en Nouvelle-Galles Du Sud précisément. L’objet de leur voyage était dédié à la capture sonore, à l’art commun du field recording. Deux hommes – Seaworthy et Matt Rösner – pour l’exploration de deux lacs – le Meroo et le Termeil. Tout sera scruté de fond en comble : les forêts, les ruisseaux et bien sûr les deux lacs, objets centraux autour desquels gravitera Two Lakes. Le schéma est jusque là traditionnel, quoique ces expériences musicales conservent encore le don de réveiller nos envies de voyages et d’aventure.
Les ¦uvres de field recording connaissent leurs maîtres de toujours (on pense à Jana Winderen, Chris Watson ou Toshiya Tsunoda), prompts à configurer leurs travaux en véritables manuels de biologie appliquée. Seaworthy et Matt Rösner ne sont pas de ceux là. En tant qu’habitués de la prestigieuse maison 12k, ils n’oublient jamais que leurs drone/ambient doit avant tout être chaleureux et directement musical. Le matériau sonore est dès lors plus utilisé comme une base sur laquelle développer des ambiances sereines que comme un cahier de charges à vocation plus fonctionnelle.
Le résultat est tout simplement beau, et étrangement simple. Ces deux là ont laissé le temps à la nature de se livrer, de parler le langage des hommes, celui qui parle aux oreilles attentives. Eux en retour se sont posés ci et là, prêt à entamer un dialogue silencieux avec la force des éléments. Au gré des envies et des inspirations, ceux-ci ont ainsi composé des airs de folk, pour les y mêler plus tard aux ressentis aquatiques et terrestres de ces côtes maritimes fragilisées. Le résultat est une conversation entre quatre c¦urs ouverts en harmonie, on y parle avec mélancolie et amertume du temps qui passe, tout en se souciant de le faire avec une douceur triste. On assiste ici à la rencontre nuancée de deux mondes musicaux qui se croisent souvent sans nécessairement se toucher. La mise en contact est délicate et délivrent une poignée de moments élégiaques. Aucune volonté de démonstration ici, la neutralité de certains drone nous montrent même qu’ils ont simplement cherché à retranscrire une vision simple – mais authentique – d’un microcosme en mouvement, bien que rehaussé d’une musicalité toute humaine. L’histoire simple de deux hommes, en contact avec deux lacs. 7/10